Mon titre est, parait-il, sur le point de devenir illégal.

La raison : le règlement (CE) no 1924/2006 du parlement européen. Qui interdit d’informer le consommateur sur les vertus médicales d’un produit, si le vendeur n’a pas prouvé ces vertus de façon scientifique.

Et je n’ai pas de preuves scientifiques que le pruneau a des vertus laxatives. Malgré le fait que tout le monde sait ça.

Par conséquent, si je n’ai pas les moyens de payer les 60 000 euros (en moyenne) que coûte une étude, où que le comité chargé de décider si je peux faire cette allégation décide (sans avoir de justification à donner) que non, je n’aurai plus le droit de promouvoir les bienfaits du  pruneau. Alors mon titre risque de me créer des problèmes.

Par conséquent, toute la médecine par les plantes, les thérapies bizarres, les médecines traditionnelles sont menacées. Il y a fort a parier qu’un certain nombre de ces commerçants/thérapeutes n’auront pas les épaules assez solides pour résister à la lourdeur de la procédure, et mettront la clé sous la porte. Seules les multinationales pourront se payer ce luxe.

Vous n’aurez donc plus la possibilité de vous acheter de la phytothérapie dans les faits. Si vous avez un soucis de santé, vous devrez obligatoirement passer par les produits de l’industrie pharmaceutique. Industrie pharmaceutique qui démontre régulièrement son cynisme ( dernière affaire en date le Médiator). Gloups !  Ça fait peur ! Vous pourrez toujours vous fournir sur internet, mais ça deviendra peut-être compliqué de savoir ce que l’on achète.

Si vous êtes fauché, manger  5 fruits et légumes (comme on nous le martèle) ne sert à rien niveau santé, car bien souvent, à moins d’avoir un potager, vous les achetez en grande surface, et ce sont des produits insipides, dont la pousse a été forcée, qui ont été traités, qui apportent peu de nutriments mais des pesticides en veux-tu en-voilà.  Si vous voulez vraiment équilibrer vos apports en étant fauché, il vaut mieux manger des pâtes et miser sur des compléments alimentaires de temps en temps. Mais avec cette règlementation, vous ne pourrez peut-être même plus le faire.

Voici donc votre avenir :  vous serez obligés d’avoir recours à des produits chimiques aux effets secondaires pas toujours maitrisés pour vous soigner…

Il faut savoir que cette affaire circule depuis un certain temps sur internet. Certains crient au fake, d’autres se mobilisent pour que les européens réagissent.

Est-ce que ça pourrait être un fake ?

Prenons cette vidéo explicative qui nous vient de l’institut pour la protection de la santé naturelle

Faut-il signer cette pétition ?

Lorsque l’on cherche qui est Augustin de Livois, on se rend compte qu’il est spécialisé dans le lobbying. Il a été notamment consultant chez FairValue Corporate and Public Affairs, un cabinet bruxellois spécialisé en lobbying auprès des institutions européennes.

Il ne s’agit donc pas d’un  citoyen lambda qui se préoccupe de santé naturelle, mais d’un spécialiste en communication. Un coup d’œil sur le comité éthique montre que l’industrie de la médecine naturelle n’en est pas absente. Est-il en service commandé ? Peut-être que oui, peut-être que non. Le fait que des professionnels du secteur soient présents dans cet institut n’est pas plus significatif que ça. Si je montais moi-même une association, je chercherais à m’entourer de professionnels, spécialistes, connaisseurs.

Alors, ici, il faut savoir que certaines personnes sont plutôt favorables à cette règlementation. La raison est la suivante : en demandant des preuves scientifiques pour pouvoir utiliser une allégation médicale, on protège le consommateur d’éventuels charlatans. L’argument se tient : quelle femme n’a pas un jour acheté des pilules amincissantes sans le moindre effet amincissant ?

Si on s’en tient à la notion de protection du consommateur, en réalité,on ne peut qu’être d’accord avec cette réglementation qui est destinée à clarifier les choses.

Cette affaire n’est-elle pas en réalité un combat entre un lobbie, celui de l’industrie des médecines  naturelles, contre l’Europe ? Ne perdons pas de vue que cette industrie génère un chiffre d’affaire important : la santé naturelle est à la mode. On estime que le secteur perdra 30% de ses bénéfices si cette directive passe. Il y a des artisans dans le lot, mais aussi de grosses sociétés. Qui dit grosse société dit affaire de gros sous, et au final rien ne dit que le secteur des médecines naturelles est plus moral que le secteur de l’industrie pharmaceutique classique. Peut-être même que certaines plantes que l’on nous vend sont aussi toxiques que les produits chimiques.

Les gens qui font des pétitions contre cette réglementation sont-ils si honnêtes que ça ? Est-ce qu’il ne s’agit pas là  non plus d’industriels cyniques ?

Pas sûr : la députée EELV nous expliquait déjà en 2010 que cette directive était en réalité un gros échec, et ne faisait que créer des inégalités de traitement :

(…)

L’ÉCHEC D’UNE DIRECTIVE PLEINE DE BONNES INTENTIONS

Plantes, algues, champignons, lichens, utilisés frais ou entiers, coupés ou desséchés, concassés ou pulvérisés. Mais aussi teintures, extraits, huiles essentielles ou jus obtenus par pression… Ca découle au départ d’une bonne intention : simplifier l’enregistrement d’une substance à effet thérapeutique sur la base de son usage traditionnel. Aujourd’hui, force est de constater l’échec de la directive THMPD.

La procédure simplifiée d’enregistrement se révèle horriblement compliquée. La définition du médicament traditionnel à base de plantes suppose un usage depuis au moins trente ans, dont quinze au sein de l’Union européenne.

Le coût et la complexité du dossier d’enregistrement, de l’ordre d’au moins 60 000 euros par produit, est une barrière pour les entreprises soucieuses de se mettre en règle. Autant se préparer à arrêter la fabrication d’un produit, c’est moins compliqué.

Bilan ? Moins de 200 médicaments traditionnels à base de plantes ont été pour l’instant approuvés par l’EMA.(…)

SOURCE

Bon, alors au final, faut-il signer cette pétition ? Est-ce que le fait que des industriels de la médecine naturelle soient -peut-être- derrière cette pétition doit décrédibiliser leur action ? Ils ne feraient que défendre leur bifteck et leur droit de vendre officiellement des compléments alimentaires ? Est-ce que c’est si grave pour nous ? Rien ne nous empêche d’acheter sur internet, ou d’avoir notre potager médical après tout. Et certains vendeurs de compléments vendent vraiment n’importe quoi. Les petits fabricants qui n’ont pas les moyens de financer ces recherches sont-ils fiables après tout ?

Voilà ce qu’ils disent dans la pétition :

Or, tous les produits naturels avec indications thérapeutiques qui n’auront pas l’agrément devront être retirés de la vente dès le mois de septembre 2012, dans toute l’Europe.

Le timing de ce règlement ne doit rien au hasard.Il y a urgence en effet.

L’industrie pharmaceutique a besoin de cette directive pour conforter sa position dominante, à un moment où elle se trouve radicalement remise en cause.

Sa crédibilité a été fortement entamée par l’affaire du Vioxx, de l’Avandia, du Médiator et, maintenant du Buflomédil.


Des spécialistes parlent de dizaines, de centaines de médicaments toxiques qu’il faudrait interdire.C’est pourquoi il est plus qu’urgent pour l’industrie pharmaceutique de nous couper toute alternative possible.

–> Avez-vous vraiment envie  de ne plus pouvoir acheter de la vigne pour la circulation sanguine, de l’huile de bourrache pour la peau, etc.. ?

–> Avez-vous envie de ne pas avoir le choix?

–>Pensez-vous que cet histoire de lobbies qui feraient la pluie et le beau temps en Europe ne mériterait pas d’être creusée ?

–>Dans le doute, ne vaut-il pas mieux bloquer cette réglementation ?

C’est vous qui voyez.

Si vous voulez conserver votre liberté de choix thérapeutique, il vaut mieux peut-être signer cette pétition et la faire circuler au maximum pour atteindre le million de signataires.

Je m’étonne quand même que les producteurs de produits naturels ne se défendent pas de façon plus ferme.